Interrogeant les discours théologiques et juridiques de l'époque moderne, Laura Tatoueix suit un parcours qui va de la fabrication canonique d'un péché mortel jusqu'à l'élaboration d'une catégorie criminelle sécularisée. L'historienne s'intéresse ici aux acteurs et actrices de l'avortement, aux conditions matérielles d'un acte qui se médicalise, tout comme aux modifications du regard porté sur ces femmes désormais érigées en victimes poussées à " défaire leur fruit ". En portant son attention sur les pratiques elles-mêmes, l'autrice appréhende l'avortement comme un phénomène social global, encadré par le secret, la rumeur et la dénonciation, lui-même soumis à des réalités de classes. Examinando el discurso teológico y jurídico de la época moderna, Laura Tatoueix recorre un camino que lleva de la creación canónica de un pecado mortal al desarrollo de una categoría penal secularizada. La historiadora se detiene en los actores del aborto, las condiciones materiales de un acto que se medicalizaba y los cambios en la manera de considerar a estas mujeres, en adelante erigidas en víctimas obligadas a «deshacer su fruto». Al centrarse en las propias prácticas, la autora entiende el aborto como un fenómeno social global, enmarcado por el secreto, el rumor y la denuncia, y sujeto a su vez a realidades de clase. |